Umutwakazi, féminin d’Umutwa (Twa, un des 3 ethnies du Burundi) Je suis Umutwakazi (nom collé aux filles pygmées «autochtones » burundaises). Entre 10 et 12 ans (je ne connais pas exactement mon âge), ma vie est tellement différente de celle des autres enfants-barundi de mon âge. (Abarundi: ici il faut savoir que les deux ethnies –Hutu etTutsi- sont ainsi appelés, comme si les Twa ne font pas partie des Burundais). Se lever tous les jours au petit matin pour accompagner ma mère qui va travailler dans les champs des burundais est mon habitude. Arrivé au champ, je dois garder mon petit frère et le porte sur le dos quand ma mère est entrain de cultiver. Quand le sommeil tiens mon frère je le mets sous les feuilles d’eucalyptus et moi je rejoins ma mère pour lui donner un coup de main. Le travail se poursuit jusqu’à midi, sous la chaleur de plomb ou sous la pluie. A la mi-journée on prend une petite pause pour le déjeuner. Mais ce n’est pas tous les jours qu’on trouve quelque chose à mettre sous la dent. Des fois, nous buvons de l’eau seulement, pour reprendre le travail qui se termine à 17h. Et comme nous sommes payées en vivres, je porte ce que le propriétaire du champ nous offre et au cours du chemin je dois prendre du bois sec pour le feu. Et pendant la nuit? Parents et enfants (petits et grands) nous nous retrouvons dans une même chambre d’au moins 3 mètres carré, dormir ensemble sur une petite natte en face d’Amashiga. Indisposés de voir souvent nos parents dans leurs intimités, deux de mes grands frères ont dû quitter le toit parental pour la rue. C’est aussi l’une des causes des mariages précoces pour les jeunes filles Batwa par ce qu’elles se sentent gênantes face aux parents qui n’ont apparemment pas d’autres loisirs que le sexe.
Ma vie d’Umutwakazi, entre pauvreté et stigmatisation
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